3.6 Les Directions Tertiaires

Cet article sur les Directions ou Progressions Tertiaires a été rédigé par André Vander Linden concepteur du logiciel ZODIAC 

Les progressions tertiaires font partie de la famille des systèmes symboliques de prévision, dans laquelle on retrouve : les directions ou progressions primaires, les directions ou progressions secondaires ainsi que les directions ou progressions symboliques.

Les progressions tertiaires, font partie des progressions dites "mineures", elles utilisent le cycle lunaire comme étalon de mesure du temps. Selon les écoles, chaque jour-éphéméride après la naissance correspond à un "mois lunaire" : révolution sidérale de la Lune (27.321661 jours). (À ne pas confondre avec la révolution synodique = 29.531 jours, durée entre deux nouvelles lunes)

Dans les exemples qui suivront nous utiliseront la révolution sidérale (ce qui correspond à un tour complet de 360°, plus logique, puisqu’en analogie avec un tour complet de la Terre autour du Soleil et une révolution de la Terre sur elle-même en 1 jour. Alors qu’au cours d’une révolution synodique la Lune parcourt environ 390°). La révolution zodiacale (ou tropique) de la Lune diffère peu de la sidérale (27.321582 jours).

Elles seront utilisées pour préciser, réduire les résultats des autres techniques (transits) à un intervalle de temps plus court – parfois au jour près. Par exemple, partant d’un transit particulier d’une planète lente, on pourra cerner la période au cours de laquelle ce transit a le plus de chances de se concrétiser dans la vie de la personne (pensez à un transit de Neptune, déjà difficile à interpréter de par la nature de la planète, sur une autre planète telle que Saturne : on pourra dire qu’il s’agit d’une période de désillusions, mais cela ne nous avance pas beaucoup. Seul le couplage avec d’autres techniques prévisionnelles telles que les directions primaires, symboliques, etc., nous permettra d’attribuer un sens plus précis à cette période). Gardons cependant à l’esprit qu’un transit (ou une direction) ne se manifeste généralement pas de manière soudaine : il est souvent le résultat d’un processus de maturation; cette règle n’est toutefois pas toujours d’application, notamment en ce qui concerne les événements accidentels sur lesquels nous n’avons aucune maîtrise.

Dans la plupart des cas, si ce n’est dans leur majorité, un transit ou une direction seuls ne suffisent pas pour prévoir un événement (auquel cas nous devrions prendre des précautions importantes à chaque transit de Mars !) : ce n’est que la combinaison de plusieurs "mesures" qui nous permettent de cerner au mieux une période particulière.

On attachera une attention particulière aux progressions sollicitant les angles (ce sont les points les plus importants du thème), en particulier l’Ascendant et le MC. Dans la plupart des cas on se limitera aux aspects majeurs tels que : conjonction opposition et carré

L’opposition déclenche des effets qui sont parfois contradictoires, allant dans le sens positif de la symbolique de la planète ou dans le sens contraire. Les autres aspects ( demi-carré, sextile, trigone, sesquicarré et demi-sextile) seront relevés à des fins de précision. Une étude étendue à quelques centaines de cas montre que le carré semble intervenir plus fréquemment que les conjonctions et oppositions1.

La pratique montre que la nature de l’aspect n’est pas en relation avec la qualité de l’événement : les aspects dits "bénéfiques" s’avèrent souvent être à l’origine de moments difficiles, et les aspects dits "maléfiques" peuvent se montrer bénéfiques pour la personne, l’incitant à prendre son destin en mains. Par ailleurs, les aspects décroissants (le carré surtout : 270°) semblent se montrer bénéfiques, contrairement à ce que la coutume astrologique nous enseigne. Il faut toujours tenir compte de la nature des planètes impliquées, de leur position en maison et de leurs maîtrises. Généralement, la maîtrise sur une maison a plus de poids que la présence dans cette maison.

1 Voir la remarque à ce sujet dans l’article "Les progressions tertiaires à la loupe".

Guetter le singulier

Les conclusions que l’on peut tirer d’une mesure seront toujours le fruit du relevé d’un ensemble de configurations particulières : pour cela, une présentation graphique s’avère le plus souvent plus parlante que des simples listes de progressions, directions ou transits. On attachera de l’importance à toute configuration "singulière" telle que :

  • planète rétrograde ou directe (stations en progression)
  • NL (= renouveau) et éclipses
  • changement de signe (passage d’une planète au degré 0°)
  • passage sur un angle du thème
  • répétition d’un aspect du natal

Avant d’entamer une recherche utilisant les progressions tertiaires, il est nécessaire – et très facile – de relever les directions éventuelles (symboliques) actives pour la période étudiée. Dans le cadre d’une consultation, surtout s’il s’agit de la première, on questionnera le consultant afin de voir si des événements passés peuvent être associés à des directions significatives : pour cela, il suffit de repérer visuellement sur le thème natal les directions des planètes aux angles du thème et vice-versa (en comptant 1° pour 1 an, avec une fourchette de l’ordre de +/- 1 an). Si rien ne "colle" c’est que l’heure de naissance doit être rectifiée.

Dans les progressions tertiaires, la Lune n’a pas toujours grande importance : elle n’est "que" représentative du facteur temps symbolique. Elle peut toutefois être utilisée pour une rectification de l’heure de naissance et, dans une objectif prévisionnel, être choisie pour fixer la date la plus favorable pour la réalisation d’un projet (mariage par exemple) : dans ce cas, c’est la position de la Lune progressée en maison natale ou progressée qui sera le facteur de choix (Lune en XI pour un projet, en VII pour un mariage, en V ou en XI pour la conception d’un enfant, en IV pour un déménagement, etc.)

Les orbes utilisés en progression tertiaire doivent être très étroits : maximum 2°. N’oublions pas que, même en progression tertiaire, le mouvement des planètes lentes (Uranus, Neptune et Pluton) reste faible : pour ces dernières, on ne prendra en compte que les aspects des planètes progressées rapides par rapport aux natales. Par contre si, dans l’intervalle d’une vie, une planète lente en progression change de direction et/ou repasse sur sa position natale, il faudra en tenir compte. Relever dans ces cas les aspects en jeu.

La période de vie écoulée au cours d’une révolution sidérale de la Lune correspondant – sur base de l’analogie choisie – à 1 jour dans les éphémérides, on a les équivalences suivantes entre les avances moyennes des planètes progressées et les durées de vie :

Au cours d’une vie, disons de 82 années, le Soleil aura fait 3 tours, la Lune 41 tours. Jupiter aura avancé d’environ 90°, Saturne de 30°, compte tenu du fait qu’en cours de chemin ces planètes auront fait au moins 3 boucles de rétrogradation. Uranus, Neptune et Pluton : de 5 à 15° selon les boucles de rétrogradation qu’elles auront subies au cours des 3 tours effectués par le Soleil progressé. Une vie de 82 années est donc "inscrite", en condensé, dans 3 années d’éphémérides : ces 3 années constituent en quelque sorte le concentré d’une vie.

La progression du MC est calculée sur base de l’arc solaire vrai : ceci peut paraître aberrant. Pourquoi mélanger deux méthodes de mesure? Je n’ai trouvé de justification à ce choix ni dans la littérature francophone, ni dans les textes anglophones. Cependant, on peut faire cette constatation frappante : le Soleil progressé fait un tour complet en 27.3 années, correspondant à la révolution sidérale de la Lune exprimée en jours. De plus, cette méthode met en évidence le fait que la distance entre le Soleil progressé et le MC progressé reste constante : les progressions tertiaires montrent donc un Soleil situé toujours dans la même maison : explication???

Le tableau ci-dessus ne nous est utile que pour nous faire une idée de la fréquence possible des aspects que pourront faire les planètes au cours d’une vie. Pour les planètes lentes, ce sont surtout les allers-retours sur leurs positions natales qui retiendront notre attention et leurs changements de signe, s’il y en a, de même qu’un passage (conjonction) éventuel sur une planète natale rapide ou une conjonction d’une planète progressée rapide avec l’une de ces lentes. On peut aussi relever les aspects des planètes progressées entre elles mais l’exercice est plutôt délicat.

Une progression tertiaire seule ne peut généralement pas nous permettre d’en tirer une signification précise : il faudra toujours la combiner avec une autre technique prévisionnelle et se référer au thème natal où tout est inscrit en potentiel. Personnellement, je regarde d’abord quels sont les transits majeurs en cours puis je consulte les progressions tertiaires pour essayer de dégager le mieux possible une signification à ces configurations. A vous de voir si la combinaison avec une autre technique, telle que la RS (qui contient aussi les transits majeurs, rappelons-le) vous convient mieux ou peut être complémentaire.

Passons aux exemples.

Ingrid Betancourt : née le lundi 25/12/1961 à 14h15 (GMT -5)

Ingrid fut enlevée par les FARC le 23/02/2002 alors qu’elle était en campagne pour les élections présidentielles en
Colombie. 

Les transits pour ce jour sont les suivants :
Ingrid Betancourt – Transits pour le 23/02/2002

  • Mars sesquicarré Pluton : lutte pour (contre) le pouvoir. Elle est en campagne pour les élections présidentielles. Mars transite la Maison XII.
  • Neptune conjoint Jupiter : idéalisme +++, désillusion.
  • Neptune quinconce Pluton : illusions quant à la portée de son action pour l’accès au pouvoir ?
  • Neptune et la Maison XII souligne le caractère idéaliste ou illusoire de sa démarche, ainsi que les dangers qu’elle encourre.

On relève comme transit majeur la présence de Neptune en maison X : ce transit durera une douzaine d’années. Neptune en X est l’occasion d’une élévation, d’une période d’inspiration, d’idéal, avec le risque que cet idéal soit placé trop haut. Au moment de l’enlèvement Neptune est conjoint à Jupiter : cette conjonction de 2 planètes d’idéaux tend à sublimer leurs valeurs respectives. On pense à Icare qui, s’étant trop rapproché du Soleil, a vu ses ailes fondre! Une telle configuration peut être aussi à la source de grandes déceptions, de désillusions si l’on n’a pas les pieds sur terre.

Cependant, nous ne pouvons pas préciser quand ce transit de Neptune risque d’atteindre son maximum d’intensité ni sous quelle forme précise il pourrait se concrétiser, compte tenu de la nature de ce I et de sa lenteur. Selon moi, la théorie qui dit qu’un transit est plus "actif" quand il est appliquant que lorsqu’il est séparant n’est pas valable.

On note aussi un transit par sesquicarré de Mars à Pluton : tous les ans environ, Ingrid voit un aspect de sesquicarré ou de semi-carré à Pluton dans l’axe XII-VI (25° Bélier/Balance) : ce n’est pas pour autant qu’elle risque de se faire enlever chaque année! Ce qui différencie ce transit d’un autre identique c’est le contexte. Mais Neptune étant en Maison X pendant plusieurs années et faisant probablement une boucle de rétrogradation aux alentours de Jupiter sur une assez longue période, ce seul contexte ne nous suffit toujours pas pour affiner notre diagnostic. Les transits de Mars à Pluton, surtout chez un politique, signent les moments propices aux luttes de pouvoir (pour ou contre le pouvoir, chacun à son niveau), en positif comme en négatif : c’est la gloire ou la défaite.

Il nous faut, en prévisionnelle, aller du général au particulier. Un moyen très simple de cerner une époque afin de mettre en évidence le degré d’importance de cette époque sont les directions symboliques des (ou aux) angles.

Vénus natale est en VIII : dirigeons cette Vénus vers le MC. A vue de nez, on voit qu’elle atteindra le MC autour de 40 ans (un calcul précis donne 40 ans 4 mois) : nous avons là un moment crucial dans la vie d’Ingrid, et, de fait, c’est à 40 ans 2 mois qu’elle est enlevée. Que nous montrent les progressions tertiaires?

Progressions tertiaires pour le 23/02/2002

Mercure progressé (qui sur le plan symbolique est significateur des déplacements) est à 0°, en I : ceci suffit pour penser que nous sommes à un moment de (grand) changement : Mercure progressé en Carré à Uranus et Quinconce à Mars sur le degré 0.

ASC progressé fait un carré à Saturne. Aussi, on voit que : Pluton progressé direct est en passe de revenir sur sa position natale, accompagné de Mars Progressé.

(Christiane Nastri nous a démontré dernièrement que lors kidnappings, Pluton est souvent impliqué). Pluton progressé est devenu direct le 17.03.2000, Saturne progressé est rétrograde le 07.03.2001 faisant un Semi-carré à Mercure.

Conclusion : les informations tirées des progressions tertiaires signalent très souvent une période importante, voire un moment.

Dans un premier temps, il n’est généralement pas nécessaire d’approfondir l’analyse des progressions tertiaires : on peut se limiter aux configurations qui frappent l’oeil. On peut ensuite monter le thème pour la date progressée et inclure alors les maisons intermédiaires et les maîtrises temporaires (voir plus loin quelques exemples).

Voyons maintenant quelles étaient les configurations célestes lors de sa libération.

Transits pour le 02/07/2008

Dans l’ensemble, les aspects sont moins durs qu’au moment de l’enlèvement, mais cela ne nous permet pas de tirer des conclusions définitives. S’agit-t-il d’un moment chargé de violence? : sans doute !

En directions symboliques on trouve la Lune au carré décroissant du Soleil à 47 ans 3 mois. Il semble que les carrés décroissants (en progression) soient bénéfiques (voire étude statistique sur le thème progressé de …..  ). De même, Vénus (déjà "impliquée" lors de l’enlèvement) progressée fait maintenant un carré décroissant à l’ASC natal (46 ans 5 mois) : bénéfique ?

Que donnent les progressions tertiaires ?

Progressions tertiaires pour 2/07/2008

ASCP est en sesquicarré à Uranus natal : rappelons que l’ASC progressé fait un tour complet en 27.3 ans. Cet aspect est donc assez rare et implique Uranus fortement valorisé par sa position sur le degré 0°. Instant de violence, mais où Jupiter progressé en XII fait un trigone à la Lune natale (et au NN), signant la libération.

Mars progressé (Maître de XII), valorisé dans le natal (0°) et en transit (0°), doit retenir notre attention : son carré à Saturne est donc aussi fortement valorisé. AscP en sextile à Neptune exact le 13.06.2008 (il est aussi trigone à l’Asc natal), Sesquicarré Uranus.. Les planètes réactivées sont justement celles qui sont importantes dans le thème de par leurs positions sur le degré 0°, leur angularité, leurs natures et leurs maîtrises (Mars, Uranus, Neptune). On note aussi le rôle de Jupiter progressé (en XII : libérateur) faisant un beau trigone à la Lune natale en IV.

Conclusion : les progressions tertiaires (P3), couplées à d’autres techniques (transits), mettent en évidence les moments importants d’une vie. Les aspects dits "durs" ne doivent pas être considérés comme maléfiques : ils marquent le plus souvent les instants où l’occasion d’agir est la meilleure.

Remarque : les aspects demi-carré, carré, sesquicarré et oposition, multiples de 45°, ne doivent pas être vus comme de mauvais aspects (surtout orsque étudiés en progression ou en direction solaire) : aspects "H8", ils sont synonymes d’action. En numérologie tous ces aspects sont associés au chiffre 9 = aboutissement, libération, = fin de la grossesse (45° : 4+5 = 9; 135° : 1+3+5 = 9; 225° : 2+2+5 = 9; 315° : 3+1+5 = 9; etc.).

Autres exemples prochainement

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